top of page

Lecture de Pierre-Yves Gaudard: "Suggestion de l'idée de mort chez Marcel Mauss"

  • Photo du rédacteur: Mel
    Mel
  • 16 sept.
  • 2 min de lecture


ree
ree

1. Contexte et rupture de Mauss avec Durkheim

  • Mauss se distingue de la sociologie durkheimienne en introduisant un continuum entre représentations individuelles et collectives, là où Durkheim établissait une séparation stricte.

  • Il ancre les phénomènes sociaux dans la biologie et la physiologie, considérant que la sociologie fait partie intégrante de l’anthropologie et de la vie des corps.


2. Psychose, croyance et suggestion

  • Mauss élargit le champ sociologique en intégrant la notion de psychose (au sens de processus de rupture avec le réel).

  • Il met en valeur les phénomènes intermédiaires : hallucinations collectives, mythomanie, glossolalie, suggestion par le groupe.

  • Ces états ne sont pas des pathologies individuelles mais des délires partagés qui expriment le vécu social.


3. La suggestion de l’idée de mort

  • Dans son texte Effet physique chez l’individu de l’idée de mort suggérée par la collectivité, Mauss décrit comment un individu peut mourir par enchantement, uniquement par la croyance qu’il est condamné.

  • Exemples ethnographiques (Australie, Polynésie, Mélanésie) :

    • rite de l’« os de mort » chez les Aborigènes,

    • cas d’hommes polynésiens morts quelques jours après avoir transgressé un tabou ou annoncé leur mort.

  • La mort est produite par la croyance collective et subjective en l’imminence de la mort, sans cause organique préalable.


4. Approche clinique et catatonie mortelle aiguë

  • Mauss rapproche ces phénomènes de la « mélancolie fatale à issue rapide » décrite par Goldie, proche de la catatonie mortelle aiguë (Kahlbaum, Stauder).

  • Symptômes : stupeur, inertie ou agitation extrême, troubles neurovégétatifs et métaboliques menant à la mort.

  • Ces morts apparaissent comme le résultat d’une désorganisation de la « sphère instinctive », quand l’équilibre avec les puissances sacrées ou symboliques est rompu.


5. Symbolique, phobie et nodalité

  • Mauss identifie le rôle essentiel du groupe, du langage, de la religion et des symboles comme puissances soutenant la vie pulsionnelle.

  • Gaudard relit Mauss à la lumière de Lacan et de la topologie borroméenne (Réel, Symbolique, Imaginaire).

  • Dans les sociétés à polyphonie d’esprits et de divinités (sorcellerie, animisme), la structure symbolique n’est pas celle du Nom-du-Père des monothéismes.

    • Elle s’apparente à un nouage phobique (RIS au lieu de RSI), où l’Imaginaire assure l’existence.

    • L’animal phobogène, les tabous, les scarifications ou tatouages jouent un rôle d’imaginarisation du symbolique.


6. Mort, tabou et rupture de communion

  • Dans ces sociétés, la transgression d’un tabou ou la rupture de communion avec les puissances sacrées peut entraîner une mort « sine materia » (sans cause organique).

  • Cette mort est liée à la perte du lien avec la communauté de semblables et à l’impossibilité de maintenir le nouage symbolique.

  • Le bannissement ou la malédiction d’un sorcier agit comme une substitution de nomination, destituant le sujet et entraînant la mort.


7. Conclusion

  • Mauss ouvre la voie à une anthropologie psychanalytique : le social agit directement sur le biologique et le psychique, jusqu’à provoquer la mort.

  • Gaudard montre que la lecture lacanienne (RSI, nouage borroméen, phobie) permet de prolonger l’intuition de Mauss sur les rapports entre symboles, corps et communauté.

ree
ree
ree

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note
bottom of page