Quand la colère déborde : la projection de la rage intérieure
- Mel

- 31 oct.
- 2 min de lecture
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Quand la colère déborde : la projection de la rage intérieure
Il est des êtres dont la colère semble inépuisable. Toujours sur le qui-vive, toujours offensés, ils vivent dans un état de tension permanente. Le monde entier paraît les agresser, alors qu’en réalité, c’est leur propre monde intérieur qui se soulève contre eux.
Cette colère chronique n’est pas qu’un simple « trait de caractère » : elle dit quelque chose d’un conflit psychique profond. Freud l’avait déjà pressenti dans Les Névroses de transfert : ce que le sujet ne peut symboliser ou reconnaître comme sien, il le projette à l’extérieur. La projection est ici un mécanisme de défense : elle permet de transformer une douleur psychique insupportable en accusation dirigée contre autrui.
L’autre devient alors le support, le miroir où se déverse la rage que le sujet ne peut affronter. L’agressivité devient un moyen de survivre à la honte, à l’impuissance ou à la peur. Comme le dira plus tard Melanie Klein, dans ses travaux sur les positions schizo-paranoïdes (Notes sur quelques mécanismes schizoïdes, 1946), l’enfant — et l’adulte qui en demeure prisonnier — expulse hors de lui les « mauvais objets » pour se sentir intact, protégé de son propre chaos interne.
La colère projetée n’est donc pas un simple emportement : c’est une défense contre la dépression. Elle maintient le moi dans une illusion de puissance, en transformant la douleur en attaque.
Mais vivre ainsi, c’est vivre sans repos. Car plus le sujet projette, plus il se coupe de la possibilité de comprendre ce qui l’anime. Il devient prisonnier de sa propre tempête, condamné à se battre contre des ennemis imaginaires — ces morceaux de lui-même qu’il ne reconnaît pas.
Le travail analytique vise justement à rendre à l’intérieur ce qui a été projeté. À mettre des mots là où ne régnait que le cri. Reconnaître sa colère, c’est déjà la désarmer. C’est passer de la haine à la pensée.
Références analytiques :
Freud, S. (1894). Les Névroses de défense.
Freud, S. (1915). Pulsions et destins des pulsions.
Klein, M. (1946). Notes sur quelques mécanismes schizoïdes.
Winnicott, D. W. (1949). La haine dans le contre-transfert.
Bion, W. R. (1962). Learning from Experience.
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