Pierre Rabhi, etre ou avoir
- Mel

- 15 oct. 2023
- 5 min de lecture
En ce dimanche 15 octobre, je souhaite partager cette conférence qu'a offert Pierre Rabhi en 2015.
Si vous ne l'avez pas encore regardée, c'est un partage extremement généreux que celui que fait Pierre Rabhi. A la fin de l'article, une biographie relate l'histoire fascinante de Pierre Rabhi.
Ce partage s'inscrit dans le début du programme Zasp que je lance a partir du 21 octobre 2023: Zen and the Art of Saving the Planet, sous l'égide du Village des Pruniers.
En Live et en Replay, il s'agit de méditations, d'un cercle de lecture (Live et Replay) afin de lire le livre de Thich Nhat Hanh "Zen and the Art of Saving the planet" ainsi que des publications tout au long de six semaines, a partir du 21 octobre 2023.

A la veille de la COP 21, le philosophe et auteur Pierre Rabhi, fondateur du Mouvement Colibris, invite à sortir du mythe de la croissance indéfinie, à réaliser l'importance vitale de notre terre nourricière et à inaugurer une nouvelle éthique de vie vers une « sobriété heureuse ».
Auteur, philosophe et conférencier, Pierre Rabhi appelle à "l'insurrection des consciences" pour fédérer ce que l'humanité a de meilleur et cesser de faire de notre planète-paradis un enfer de souffrances et de destructions.
Devant l'échec de la condition générale de l'humanité et les dommages considérables infligés à la Nature, il invite à sortir du mythe de la croissance indéfinie, à réaliser l'importance vitale de notre terre nourricière et à inaugurer une nouvelle éthique de vie vers une "sobriété heureuse".
Au moment même où la question du bouleversement climatique prend toute son ampleur à quelques jours de la COP 21, Pierre RABHI propose de mettre en lumière les grandes lignes de sa pensée et d’apporter son témoignage sur une vie dévouée à un engagement écologiste.
« De ses propres mains, Pierre Rabhi a transmis la Vie au sable du désert... Cet homme très simplement saint, d'un esprit net et clair, dont la beauté poétique du langage révèle une ardente passion, a fécondé des terres poussiéreuses avec sa sueur, par un travail qui rétablit la chaîne de vie que nous interrompons continuellement ». Yehudi Menuhin
Biographie de Pierre Rabhi:
Pierre Rabhi est né Rabah Rabhi le 29 Mai 1938, dans une famille musulmane de Kenadsa, près de Colomb-Béchar, une oasis dans le sud de l'Algérie. Sa mère meurt de tuberculose alors qu'il est un enfant en bas âge.
Les frères de Pierre Rabhi vivent à Béchar et Kenadsa. Son père, forgeron, musicien et poète, le confie à l'âge de cinq ans à un couple de Français, un ingénieur gaulliste et une institutrice, venus travailler dans les houillères du sud oranais dans son village natal.
Plus tard, selon les déclarations de Pierre Rabhi, son père biologique aurait été contraint de fermer son atelier et de travailler à la mine. Rabhi explique que cela a influencé sa critique du progrès technique.
Avec ses parents d'adoption, le jeune Rabah quitte Kenadsa pour Oran, où il suit deux années d'études secondaires. À l'âge de seize ou dix-sept ans selon les sources, à Oran, Rabhi se convertit au christianisme. Il demande à être baptisé et adopte son prénom de baptême : Pierre.
Selon son récit autobiographique, Rabhi commence alors à travailler dans la dentisterie, puis en tant qu'employé de banque. Lorsque la guerre d'Algérie éclate en 1954, Rabhi affirme suivre les idées de sa famille, hostile à l'Indépendance algérienne et favorable au maintien de l'Algérie française.
Pendant la guerre d’Algérie, raconte-t-il, « me voici brandissant mon petit drapeau par la fenêtre de la voiture qui processionne dans la ville en donnant de l’avertisseur : « Al-gé-rie-fran-çai-se ».
Rabhi a affirmé s'être ensuite trouvé dans une situation de double exclusion, fâché avec son père biologique pour s'être converti au catholicisme, ainsi qu'avec son père d'adoption qui, selon Pierre Rabhi, l'a mis à la porte pour avoir critiqué le maréchal Alphonse Juin.
Pierre Rabhi est alors un fervent catholique et le restera durant de longues années, comme il l'affirme dans son autobiographie.
En 2016, il indique : « J’ai été très séduit – et le suis encore – par le message du Christ. Mais je ne me sens appartenir à aucune église pour autant. À mesure que j’avance dans la vie, l’affirmation que seul l’amour peut changer le cours de l’Histoire me saisit de plus en plus par sa vérité, son évidence. »
S'il déclare ne plus se sentir lié à une religion en particulier, Rabhi demeure un spiritualiste, voire un mystique. Rabhi continue de fréquenter régulièrement les milieux catholiques, voire parfois « des milieux à dérive sectaire », plaçant systématiquement la spiritualité au centre de sa pensée.
En 1950, Rabhi part en France et, arrivé à Paris, il trouve un emploi de magasinier chez un constructeur de machines agricoles à Puteaux. Dans l'entreprise où il travaille, il rencontre Michèle, avec laquelle il se mariera et dont la famille boycotte le mariage. Tous deux nourrissent le rêve de s'extraire de leur vie urbaine et pensent à l'agriculture. Ils rencontrent le docteur Pierre Richard, un médecin écologiste et conservateur partisan du « retour à la terre », qui travaille à la création du parc national des Cévennes, et qui les encourage dans leur démarche et devient l'un des maîtres à penser de Rabhi.
Ils décident de se rendre en Ardèche pour s'y installer définitivement en 1960, précédant le mouvement néorural de la fin des années 1960. Ils se marient à Thines en avril 19614. Pierre Rabhi devient père et, sans aucune connaissance agricole (il est alors sculpteur), s'inscrit dans une maison familiale rurale. Il achète une ferme cévenole à Lablachère, dans laquelle il réalise son rêve de retour à la terre, la ferme étant dépourvue d'électricité et d'eau courante.
Il rencontre l’écrivain maurrassien Gustave Thibon, poète et philosophe chrétien et conservateur considéré, selon le journaliste Jean-Baptiste Malet, comme « l’une des sources intellectuelles de l’idéologie ruraliste de Vichy » et ayant fait « régulièrement cause commune avec l'extrême droite ». Thibon entretiendra des relations avec Pierre Rabhi jusque dans les années 1990. Rabhi indique à propos de ses relations avec Thibon : « Le portrait qu’en trace M. Malet est caricatural. Les échanges que nous avions portaient essentiellement sur la spiritualité. Nous avions trente-cinq ans d’écart et j’étais impressionné par son immense culture, ses dons linguistiques ou sa mémoire. J’ai le souvenir que, alors que nous étions financièrement exsangues, il nous a aidés, mais on ne peut pas considérer que je sois son disciple ou qu’il fut mon modèle. Hormis notre attachement commun, à l’époque, au catholicisme, nous n’avions pas les mêmes centres d’intérêt ni la même culture. »
Rabhi découvre et adhère également aux idées de Rudolf Steiner, ainsi qu’aux principes de l’anthroposophie, notamment à l'agriculture biodynamique.
Après trois ans comme ouvrier agricole, en 1963 il devient lui-même paysan dans les Cévennes ardéchoises. Il se lance dans l'élevage caprin avec l'intention de ne pas reproduire les modèles de productivisme, et expérimente l'agriculture biodynamique.
Après des débuts difficiles, le couple acquiert assez d'expérience pour accueillir et conseiller à partir de mai 1968 d'autres néo-ruraux. Quinze années leur seront nécessaires pour parvenir à vivre de leur ferme. Pierre Rabhi témoigne en 2015 : « Il y a plus de cinquante ans, ma femme et moi avons choisi notre lieu de vie, Montchamp, précisément pour son harmonie. Perdue au sommet d'une montagne de l'Ardèche, cette ferme nous comblait de silence, d'air pur, de mystère aussi, en dépit des obstacles « objectifs » : il n'y avait ni électricité ni eau courante, un chemin à peine praticable par temps de pluie, un sol sec et rocailleux »


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